Asylum
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Forum de discussion.
 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  Dernières imagesDernières images  Connexion  
-30%
Le deal à ne pas rater :
LEGO Icons 10318 – Le Concorde à 139,99€
139.99 € 198.99 €
Voir le deal

 

 Il demandait toujours... (suite)

Aller en bas 
AuteurMessage
ptitange23
Ange du flood
Ange du flood
ptitange23


Féminin
Nombre de messages : 800
Age : 40
Nom d'asile : Crazytown
Date d'inscription : 23/04/2007

Il demandait toujours... (suite) Empty
MessageSujet: Il demandait toujours... (suite)   Il demandait toujours... (suite) EmptyMar 15 Jan - 17:21

Il accéléra le pas et franchit le seuil de sa maison. Son père était avachi sur le canapé devant la télévision comme chaque jour. Enzo essuya ses pieds puis déposa son sac. Il s'approcha de son père dont les yeux étaient rivés à l'écran de télé. Il parla assez fort pour qu'il puisse l'entendre :
_Salut papa !
Son père tourna les yeux vers lui et lui adressa de sa voix cassé de fumeur invétéré :
_Bonjour, Enzo ! Alors l'école ?
_Ca a été. Et toi, ça va ?
Son père fit la moue puis répondit :
_Non, je suis allé voir le psy aujourd'hui. Il veut m'enfermer ! Je lui ai dit que j'irais pas dans son asile de fou !
_S'il veut... peut-être qu'il le faut.
La voix de son père devint plus dur :
_Ca va pas, non ! J'ai déjà une tonne de médicaments et ça se passe très bien ! Pas besoin de ça en plus ! Il veut m'enfermer avec des fous ! Je suis pas fou, moi ! J'ai pas besoin de ça !
_Mais t'es malade... t'es dépressif, papa et ça dure depuis 4 ans...
Enzo eut l'impression que le regard de son père le transperçait littéralement.
_Et alors ? Ca fait 4 ans, oui, et alors ! C'est pas ça qui va changer quelque chose, il me faut du repos !
Enzo regarda la table basse : paquet de chips éventrés, cadavre de cannettes sans alcool et plusieurs fromages entamés. Comme chaque jour depuis 4 ans. Il baissa les yeux vers le tapis empli de miettes. Sa mère entra alors. Elle déposa sa veste dégoulinante et son parapluie. Elle fit la bise à Enzo :
_Bonjour mon chéri !
Elle regarda avec agacement la table basse puis commença à gronder son père qui ne fit qu'émir un son de mécontentement en fixant l'émission à la télé. Devant son indifférence, elle abandonna après deux bonnes minutes de monologue. Elle partit s'isoler dans la cuisine. Enzo la regarda partir pendant ces deux minutes, c'est comme s'il n'avait pas été présent.
Il ouvrit doucement la porte de la cuisine. Sa mère faisait la vaisselle de la veille dont personne ne s'était occupé et qui lui retombait toujours dessus. Il allait lui demander si elle allait bien mais un son perça celui de la télévision et des couverts, sa mère sanglottait. Le coeur d'Enzo se serra, il l'observa en silence pendant quelques secondes puis fit marche arrière. Il monta dans sa chambre où il rencontra sa petite-soeur de 12 ans qui dessinait sur son bureau. Elle ne l'avait pas vu et continuait minutieusement son coloriage. Enzo s'approcha d'elle, elle chantonnait une berceuse que chantait leur mère pour les endormir. Rien que cette douce mélodie lui fit revenir plein de souvenirs en mémoire et ses yeux devinrent humides. Son enfance... Douce, chaleureuse... Plein de rires et d'espoir... Où les fées et les dragons lui rendaient visite...
Il caressa les longs cheveux châtain de sa soeur. Elle se retourna et lui sourit. Il lui demanda :
_Ca va ?
_Oui !! Regardes, j'ai dessiné Lorie !
_Ouah ! Très ressemblant !
Elle était fière.
_Je vais le montrer à maman !
Elle sortit de sa chambre comme une flèche. Il se laissa tomber sur sa chaise de bureau et regarda les crayons de couleurs. Il en prit deux et les observa puis les empoigna en retenant ses larmes. Doucement il refermait la porte de sa chambre et s'écroulait sur son lit sans allumer la lumière fixant le plafond blanc.
Le lendemain, le bruit strident du réveil résonna dans sa chambre. Il tâtonna puis réussit à l'éteindre. Les draps de son lit partaient en tout sens. Il se mit sur le dos, les bras pendant dans le vide pendant que la maison s'animait. En bas, il entendait la télé et la voix de sa mère.
Il se leva, attrapa un jean et s'arrêta en voyant sa tête dans un miroir. Les yeux cernés, pas peigné. Il soupira et finit de s'habiller. Il reprit sans sac sans changer son contenu. Il descendit les marches.
En bas, sa mère l'embrassa brièvement. Elle devait se dépêcher, elle était en retard et allait encore se faire remonter les bretelles par sa chef. Sa petite-soeur lui adressa un grand sourire et lui fit au revoir en partant. Il la salua en souriant puis se tourna vers son père. Cet homme barbu, les cheveux longs, habillé comme hier et avant-hier et plus loin encore, qui buvait ses cannettes de bières. Il s'approcha de lui et dit d'une voix qui pouvait couvrir le bruit de la télé :
_Salut papa !
Son père releva les yeux vers lui :
_Ah, bonjour, Enzo !
Son père était déjà retourné à son film. Enzo sourit et demanda :
_Ca va ?
_Mouais... Tu pourrais me passer la télécommande ? Ta mère l'a encore laissé je-ne-sais-où !
_Oui.
Enzo chercha un peu et l'aperçut sur la table à manger entre deux magazines. Il lui donna. Son père lui lâcha un bref merci. Enzo lui répondit :
_De rien.
_Tu vas pas être en retard à l'école, toi ?
_Non.
Son père détourna alors les yeux et fixa l'écran. Enzo resta une bonne minute à le regarder, comme s'il voulait graver cette image dans sa tête puis il partit en disant « au revoir » au seuil de la porte. Sans réponse.
Au lycée, la sonnerie avait déjà retentit depuis deux minutes. Les élèves s'activaient partout, dans les couloirs ou se dirigeaient vers l'immeuble de quatre étages. Il resta immobile au sein de la foule qui défilait... Dans le brouahah... Les rires... Les sourires... Il aperçut ses amis, entassés sur le même banc qu'hier. Il les rejoignit. Nathan disait :
_J'ai parlé à sa copine Suzanne, elle m'a dit que j'avais mes chances !
Luc fit la moue puis répliqua :
_Eh, c'est dégueulasse ! T'aurais pu me laisser essayer avant !
Sasha le décoiffa affectueusement en disant, amusé comme tous :
_Arrête de rêver ! Sors avec Justine, je suis sûr qu'elle va être folle de toi !
Ils rirent. Luc s'écria :
_Quoi ?! Je veux pas me taper la grosse !
Ils pouffèrent. Nathan le taquina :
_Bah, contente-toi de ce que tu peux !
Un brouaha régna alors, ils parlaient tous en même temps, riaient en choeur... La cour était à présent vide. Luc et Maxime se levèrent pour aller en cours, ils inventeraient une excuse pour leur retard comme d'habitude. Les autres séchaient. Enzo profita d'une seconde de silence pour demander :
_Ca va ?
Ils répondirent tous oui puis parlèrent de la fête de vendredi où Nathan commença à narrer ses futurs exploits auprès de Margot. Ils le défiaient tous et ça les fesait rire. Enzo leva les yeux vers le ciel bleu, parcouru par quelques nuages d'un blanc parfait. Quand il entendit son prénom. Il baissa immédiatement les yeux et les battements de son coeur s'accélérèrent brusquement. Ses amis le regardaient tous. Il n'avait pas entendu leur question et se trouva bien bête. Il se frotta la nuque en souriant :
_J'ai pas entendu ce que vous avez dit !
Nathan lui lança :
_Eh, faut écouter un peu !
Il n'avait pas l'air de rire cette fois et cela toucha Enzo qui eut peur qu'on l'attaque. Antoine répéta :
_T'as pas cours ?
Il les regarda tous et le silence devint vite pesant. Etait-il de trop ? Il eût cette impression. Il baissa la tête puis la tourna vers le bâtiment :
_Ouais, je vais y aller !
Ses mains s'aggripèrent aux bretelles de son sac à dos puis il partit sans leur adresser un regard. Ils poursuivirent leur conversation.
Ses pieds montaient lentement les marches... Il fixait le sol tandis que des milliers d'images et de voix défilées dans sa tête. Comme un bourdonnement incessant. Comme des milliers de piques qui s'enfonçaient dans son coeur, le déchirant et le recouvrant de sang. Il avait le souffle court pourtant il n'allait pas vite. Ses pas devenaient plus hésitant, il tanguait doucement. Il rentra alors dans quelqu'un sans le vouloir. La personne, sous l'impact, recula d'un pas en poussant un petit cri. Il releva les yeux et sortit doucement de son brouillard. Il reconnut Margot, celle dont parlaient tant ses amis. Une jolie rouquine aux yeux vert perçant. Elle le dévisagea. Il se sentit mal à l'aise et par réflexe lui demanda :
_Ca va ?
_Oui.
Un silence pesant régna puis elle lui demanda :
_T'es un ami de Nathan, non ?
_Euh, oui.
Elle rougit légèrement en sortant de sa poche une enveloppe couleur lavande.
_Tu peux lui donner ça de la part de Margot, s'il te plaît ?
_Oui...
_Merci !
Elle s'empressa de le contourner et de descendre les marches. Il resta immobile, la lettre dans la main. Il la regarda un moment... Une lettre pour Nathan... Après il la glissa dans la poche avant de son sac à dos. Il remit correctement son sac puis continua de monter.
Bientôt il se retrouva devant une porte. Il resta devant quelques minutes, hésitant... Puis il prit une grande respiration et l'ouvrit brusquement. Il marcha un peu sur le sol rugueux et poussiéreux. Il leva les yeux vers le ciel, si beau. Il protéga ses yeux du soleil avec sa main tandis qu'une larme glissait le long de sa joue puis de son cou. Il l'essuya avec sa manche. Il marcha jusqu'au rebord, tout le tour du toit était grillagé jusqu'à deux mètres de haut. Il observa la cour à travers les trous et vit ses amis, ils ne pouvaient pas les entendre rire pourtant ce son résonnait dans sa tête et s'éloignait comme un echo. Il soupira puis s'assit contre le grillage. Il déposa son sac entre ses jambes, resta un moment à contempler les cieux puis sortit un cahier et un stylo. Il commença à écrire... Il barrait de temps en temps, prenait des pauses pour réfléchir... puis lorsqu'il eut fini, il déposa le cahier ouvert sur le béton avec le stylo dessus. Il se leva, retira sa veste et se tourna vers le grillage verdâtre et sale qui l'emprisonnait sur ce toit. Une de ses mains agrippa celui-ci puis la deuxième fit pareil. Il retira ses chaussures et prit appuie aussi avec ses pieds, ses orteils arrivaient à passer à travers les trous. Ils étaient assez fins comme ses doigts. Il commença à escalader. Il avait du mal, ses doigts peinaient à supporter le poids de son corps. Il les sentait chauffer et de plus en plus, le tirailler. Mais il continuait.
Arrivée en haut, la moitié de son corps penchait dans le vide. Ses cheveux cessèrent de gêner ses yeux. Le sol paraissait si loin. Afin de soulager ses pieds, il appuya son ventre contre le grillage. Echangeant une douleur contre une autre. Il regarda ses amis, ils ne le voyaient pas. Il tourna les yeux vers le sol à nouveau. Soudain la berceuse que chantait leur mère vint habiter doucement ses pensées, il sentit son coeur s'apaiser comme quant il était enfant. Il repensa alors à sa mère et les larmes montèrent à ses yeux. Il se souvint du sourire de sa soeur et là, il ne put s'empêcher de pleurer. Il ne voulait pas pourtant. Il tentait de les étouffer, de faire entendre raison à son coeur mais elles coulaient toutes seules. Ses poumons étaient comme oppresser. Il prit alors une grande inspiration et d'un sourire serein et doux, il laissa tout le poids de son coeur aller vers l'avant...
Son corps bascula sans mal dans le vide... Quelques secondes... C'est tout ce qui le séparait du bitume... Enzo le heurta violemment ! Bientôt du sang commença à s'écouler de sous lui... Et une mare de sang l'entoura...
Lui qui demandait toujours : « Ca va ? »... A lui à qui on ne posait jamais la question... A lui qui espérait l'entendre pour enfin recrâcher ses mots qui pesait sur son coeur... « Non, ça ne va pas ! Je ne dors plus, je fais des cauchemards, je vois comme des choses dans ma chambre dans le noir et j'ai peur alors je pleure toutes les larmes de mon corps et j'implore Dieu ou quiconque de les faire partir ! Et le reste du temps, j'ai l'impression d'être mort. D'être un cadavre que les gens côtoient sans s'en rendre compte. Je voulais qu'on m'aide, je voulais qu'on me sauve. Je le jure. Mais je n'arrivais pas à le dire, ça ne sortait pas. J'ai supporté... Autant que je pouvais !... Je suis resté muet pendant des mois ! Je ne voulais pas faire de mal... Je voulais juste qu'on me sauve... Mais... Personne ne m'écoutait... Personne n'écoute un mort... Mais tant que les autres vont bien... Ca va ? »
Revenir en haut Aller en bas
 
Il demandait toujours... (suite)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Il demandait toujours...

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Asylum :: La Salle des Scribouillards :: Nouvelles & Romans-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser